• J'suis l'ouvière d'chez Duwa,

    La fille qui met partout ses traces de doigts,

    Moi j'fais pas qu'des brosses à tête, ou pour soubrettes,

    Je fais aussi des goupillons pour les tétines et les biberons.

     

    C'est pas un job d'enfant d'choeur,

    Surtout quand faut se taper la Blister:

    Emballage des brosses et des peignes, faut que ça saigne,

    Faut pas traîner sur le tapis sinon t'as Patrice qui te dit:

     

    "Fais tes brosses, tes ptites brosses, et puis tes grosses brosses",

    Oui j'fais des brosses, des ptites brosses et puis des grosses brosses,

    Des brosses pour bébé, des brosses pour Mémé,

    Oui des brosses, que des brosses et encore des brosses,

    Des ptites brosses des grosses brosses oh des brosses des brosses.

    Des brosses des brosses des brosses des brosses des brosses des brosees des brosses des brosses.

     

    J'suis l'ouvrière d'chez Duwa,

    La fille qui met partout des traces de doigts.

    Moi j'y vais de ma sueur, pause d'un quart d'heure:

    On connait pas, nous chez Duwa on met partout nos traces de doigts.

     

    Les goupillons pour biberon,

    Y'z-y-ont droit à l'odeur de mouton.

    Mouton d'poussière la galère, les ongles noirs,

    C'est le cauchemar meurtre de bébé c'est sûr je me r'trouve inculpée.

     

    J'fais des brosses des ptites brosses et puis des grosses brosses,

    Oui j'fais des brosses, des ptites brosses et puis des grosses brosses,

    Des brosses pour bébé, des brosses pour Mémé,

    Oui des brosses, que des brosses et encore des brosses,

    Des ptites brosses des grosses brosses oh des brosses des brosses.

    Et avec toutes ces traces de doigts pas moyen que j'me retrouve pas...

    Au trou!

    (outro sympa, genre festive violon tzigane ou rien du tout juste les deux mots)

    (sur un air de Serge Gainsbourg)

     


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  • Pour vous, pour moi, une chambre vide à part un lit aux draps vert pâle. Un sol en Linoléum blanchâtre, carreaux alignés en diagonale, des murs blancs. Vous devinez: hôpital. Oui, hôpital, c'est la première chose qui vient à l'esprit.

    On croit au début à une chambre inoccupée: l'absence de vie est évidente, elle imprègne l'air ou plutôt rien ne l'imprègne. On pourrait buter sur elle avant de la voir, la femme, blanchâtre elle aussi, de peau, de vêtements, de cheveux, assise par terre comme un tas de linge sale qui se serait jeté là et intégré à la chambre jusqu'à être transparent. Elle ne vous verra pas non plus, ne vous sentira pas buter contre elle.

    Elle bouge parfois, mais très lentement, la tête, regardant autour d'elle, mouvement aussi imperceptible que celui des tournesols. Quand son cou est tourné au maximum, elle la ramène d'un geste raide à la position opposée, vers la gauche. Cela surprend toujours, fait peur à certains, cette immobilité et tout d'un coup, cet unique signe de vie.

    Pour elle, le Monde, celui ui existe et celui qu'on invente et celui auquel personne n'a jamais pensé. Son monde, inscrit sur les murs blanc que son regard traverse. Ce monde la démange, ou la chambre blanche la démange, alors parfois elle se lève, va vers le mur ou vers les choses et couleurs qu'elle imagine, et y enfonce ses griffes, arrache l'illusion. Puis elle croit peindre sur la surface vierge, peindre avec les couleurs arrachées, et son sang barbouille les murs, frénétique. Elle passe d'un monde à l'autre.


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  • Bientôt sur votre blog préféré... Traduction des oeuvres complètes de Joanthemaid et parution de nouveaux chefs-d'oeuvres de Jeannelapucelle.

    Je me remets à écrire, quoi, y'a qu'à ça que je suis bonne.


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  • Voilà, j'ai trouvé le sens de la vie. Non, enfin, non, pas vraiment. Juste un tout petit bout. Ca concerne l'amour. L'amour d'un pays, pas celui avec un grand A. Oui, bon, c'est vraiment petit, comme bout, c'est un peu une miette, vous me direz. Vous me direz que je vous arnaque. Oui, peut-être, mais enfin vous ne payez pas trop cher.. Tout ça pour dire: moins je suis dans mon pays, moins je l'aime. Au Etats-Unis, par example, je me sentais opprimée. Obligée defaire profil bas pendant la prière et l'hymne, pendant les merci aux soldats d'Irak. Payée six dollars de l'heure à trimer deux jobs à la fois par manque de personnel. Sensée faire des devoirs maisons idiots qu'on dirait qu'ils sortent de collège, si bien que je les fais pas et me tape des bâches. La France, c'est beaucoup mieux, quoi.

    Je rentre. Déjà, on a élu un president entre-temps, et puis je suis pas d'accord. Passe encore, c'est la démocratie. N'empêche que Demos, le peuple, il ferait bien de s'acheter des neurones. Ca doit se vendre, dans la société libérale. Donc j'arrive, on me parle de lire des lettres de résistants au élèves pour qu'ils veuillent mourir pour leur patrie (alors que beaucoup de résistants étaient communistes, et que le comunisme, c'est international, comme chacun sait). Qu'importe. Ca fait bientôt trois semaies que je suis rentrée, trois semaines que je cherceh activement su travail, et je n'ai pas eu un seul appel sur la cinquantaine de CV distribués, pas un entretien, pas mêm un refus d'embauche. Rien. Ils m'appeleront, ils embauchent, ou pas, mais ils m'appelleront.Qu'est-ce que j'en ai à foutre, moi du smic à 8,27, j'ai pas de boulot. Des heures sup? J'arrive même pas à trouver un mi-temps pour trois mois. Travil non taxé pour les étudiants? J'ai pas de travail! Ils veulent faire bosser les chômeurs de longue durée. Donc il faut que j'attende d'avoir 25 ans pour qu'on reconnaisse mon bsoin de travailler. Personne n'a rien compris, la gauche comme la droite. Le plein emloi, on n'en est plus très loin, et moi, je trouve pas de boulot. Je fais des études non professionelles, je suis une femme, je n'ai jamais rien vendu. Alors on ne m'essaye pas, non, on n'a pas le temps, heures sup' ou pas: je ne suis pas intéressante, pas rentable. Je n'ai pas le droit à une vie, pas encore. Finis tes études, qu'il disaient.

    Plus que deux ans à tirer...


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  • Je sens les démangeaisons du Monde,

    Comme de la neige cathodique sur l'écran de l'horizon. Je veux voir plus loin,

    Alors j'approche mon ongle et je gratte la surface, juste un peu. Une écaille tombe. Elle disparait sans toucher le sol.

    Je gratte plus fort, plus longtemps.

    Maintenant la page est blanche et avec la couleur sous mes griffes, et le sang

    Je peins.


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