• Je sens les démangeaisons du Monde,

    Comme de la neige cathodique sur l'écran de l'horizon. Je veux voir plus loin,

    Alors j'approche mon ongle et je gratte la surface, juste un peu. Une écaille tombe. Elle disparait sans toucher le sol.

    Je gratte plus fort, plus longtemps.

    Maintenant la page est blanche et avec la couleur sous mes griffes, et le sang

    Je peins.


    votre commentaire
  • Une image, comme ça. Sur une plage naturiste, une fille magnifique, des jambes interminables, une peau lisse, bronzée intégralement, des cheveux longs, brun-roux, qui se balancent légèrement en rythme avec ses hanches. Comme une apparition surnaturelle, qui montrerait tout, sauf ses yeux.


    1 commentaire
  • Elle parcourt les déserts brûlants, cherchant la chaleur qui ne l'atteint pas.


    Depuis longtemps elle erre, et son souffle monte en buée devant ses lèvres, la glace sur sa peau craquant au rythme de ses pas.


    Toujours reformée, toujours plus épaisse.


    Parfois elle trouve un feu, mais ne sait plus comprendre, ne connaît plus la chaleur.


    Elle ne se brûle pas, parce qu'elle ne sent rien, mais se serre contre le feu, pour l'attiser ou l'étouffer.


    Bientôt une fine couche de givre couvre les pierres presque fumantes, couvre le bois calciné.


    Bientôt un autre marche, un nuage froid devant les lèvres, la peau gelée.


    ...


    votre commentaire
  • Il regarde le vide sous lui, ses pieds nus presque au centre de son champ de vision, les orteils crochetés au bord de la falaise. La pierre était froide, et le vent soufflait fort à cette hauteur, déséquilibre. Quelle importance, puisqu'il va sauter de toutes façons. Si le vent le pousse, ou s'il glisse, eh bien, ce sera juste un peu plus facile de faire ce pour quoi il est venu. Voilà tout. Toute sa vie il s'est senti moins que les autres. Toute sa vie il a ete vélléitaire, se laissant porter, d'abord par ses parents et ce qu'ils avaient choisi pour lui, puis par ses études, ses diplômes, son travail. Tout s'est enchaîné, il n'a pas essayé de forcer le destin. Il a rêvé de grandeur, mais finalement il est Monsieur tout le monde. Personne ne le regarde deux fois, personne ne lui demande de conseil, personne ne l'admire, ou même ne l'estime particulièrement. Pire que tout, il ne s'estime pas lui-même. Quelque chose se serre dans sa poitrine à cette pensée.


    Son poids est balancé sur la pointe de ses pieds maintenant. Il ne sera pas plus estimé après, bien sûr, mais au moins il aura fait quelque chose qui demande de la volonté. Allez. Il suffit de se laisser tomber en avant. Il y a bien vingt mètres de chute. Personne pour le voir, mais il fait ça pour lui-même. Pour enfin se prouver quelque chose.


    Il a peur. Combien de temps dure une chute de vingt mètres? Aucune idée.


    Lentement il bascule en. Trop tard pour changer d'avis.


    Il tombe, lentement, le vent sifflant à ses oreilles, son coeur descendant dans sa cage thoracique, à cause de l'accélération. Il a choisi de plonger, la tête la première. Il sourit intérieurement. Je ne ferais plus jamais les choses à moitié.


    Le corps tendu tombe, et il place les mains devant lui, juste à temps.


    Il pénétre l'eau parfaitement, souplement, roule et se laisse flotter. L'eau est douce et sombre, un peu vaseuse. Il n'a pas mal aux épaules.


    Il se laisse remonter à la surface, sans bouger.


    Se redresse.


    Inspire.


    Il l'a fait.


    3 commentaires
  • Sam le regarda au-dessus de son demi-pêche, avec les yeux légèrement plissés. "Tu crois ça?"

    - Oui." Il eut l'air de réfléchir, puis ajouta : "Prouve-moi le contraire." Un silence.

    "Pas de problème. Je pourrais même te le prouver tout de suite si tu veux. Le temps de sortir du bar...

    - Allez. C'est parti. Tu vas te dégonfler, mais bon."

    Sam fit une petite moue et pencha légèrement la tête sur le côté. Ses cheveux longs changèrent de position sur son épaule, certains tombants, d'autre se recourbant légèrement. Ses doigts caressèrent la table, la tapotèrent un moment, concentrés. "Non. Mais je suis bien, là. Et j'aimerais finir mon demi. C'est dommage de gaspiller un si beau demi, qu'en plus tu vas m'offrir.

    - C'est ce qu'on verra. En attendant, faut que tu fasses ce que t'as dit." Il fixa les yeux verts en amande alors que tous deux sirotaient doucement. Il eut envie de rire. Il ne savait pas trop si c'était l'attente de gagner son pari, ou de le perdre, ce qui serait plus drôle, ou simplement de bonheur et de bien-être, et l'anticipation de plus de bonheur et de bien-être. "Le plus beau moment de l'amour, c'est quand on monte les escaliers". Peut-être que c'était la même chose pour les paris débiles. Dieu qu'il avait envie de prendre cette main aux doigts fins, de l'autre côté de la table. Après tout l'attitude de Sam était très claire.

    Le demi-pêche agonisa dans un léger bruit de succion, et Sam se leva en souriant, rejetant ses cheveux derrière ses épaules."Ton heure est venue."

    Ils marchaient côte à côte, se frôlant souvent, s'éloignant lorsqu'ils se frôlaient, se rapprochant lorsqu'ils ne se frôlaient pas, marchaient vite dans les rues pleines de monde.

    "Alors, tu te dégonfles?

    - Pas du tout. Je veux juste le faire à l'endroit idéal. Ah, tu aimerais bien que je le fasse pas, hein?

    - Non, en fait, je préfèrerais que tu le fasses. Je suis pas à un demi près, et ce serait bien plus..."

    Devant eux se dressait la préfecture, avec ses vielles pierres grises et autoritaires et ses représentants bleus de la loi. Sam eut un petit rire silencieux et se croisa les mains au niveau des hanches.

    Sam leva les bras, et ses deux seins blancs jaillirent au grand jour, ses deux seins rond et glorieux, les deux seins de Samantha.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique