• La femme qui voyage entre les univers.

    Pour vous, pour moi, une chambre vide à part un lit aux draps vert pâle. Un sol en Linoléum blanchâtre, carreaux alignés en diagonale, des murs blancs. Vous devinez: hôpital. Oui, hôpital, c'est la première chose qui vient à l'esprit.

    On croit au début à une chambre inoccupée: l'absence de vie est évidente, elle imprègne l'air ou plutôt rien ne l'imprègne. On pourrait buter sur elle avant de la voir, la femme, blanchâtre elle aussi, de peau, de vêtements, de cheveux, assise par terre comme un tas de linge sale qui se serait jeté là et intégré à la chambre jusqu'à être transparent. Elle ne vous verra pas non plus, ne vous sentira pas buter contre elle.

    Elle bouge parfois, mais très lentement, la tête, regardant autour d'elle, mouvement aussi imperceptible que celui des tournesols. Quand son cou est tourné au maximum, elle la ramène d'un geste raide à la position opposée, vers la gauche. Cela surprend toujours, fait peur à certains, cette immobilité et tout d'un coup, cet unique signe de vie.

    Pour elle, le Monde, celui ui existe et celui qu'on invente et celui auquel personne n'a jamais pensé. Son monde, inscrit sur les murs blanc que son regard traverse. Ce monde la démange, ou la chambre blanche la démange, alors parfois elle se lève, va vers le mur ou vers les choses et couleurs qu'elle imagine, et y enfonce ses griffes, arrache l'illusion. Puis elle croit peindre sur la surface vierge, peindre avec les couleurs arrachées, et son sang barbouille les murs, frénétique. Elle passe d'un monde à l'autre.


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