• Clermont-Ferrand, chez Laura et Tibo

    Superbe journée de stop hier. Rencontre de Jessica, que ma présence, je crois, plus que mon discours, a fait se poser des questions sur ses choix de vie. Le fait que j’aie un discours, plutôt, l’a ramenée au sien, celui qu'elle tenait, avant : Anticapitaliste. Culpabilité de l’individualisme. J’en suis fière et désolée.

    Je crois tenir quelque chose sur l’informatisation des êtres. Ma volonté géographique, mêlée au plaisir de vivre un jour ou deux au bord du réseau routier, en flux, hors géographie, et d’affirmer par le discours ma lenteur et ma géographie. Mais il fait encore froid sur le bord des routes et mon sac m’y pèse encore sur les épaules. J’y sens encore la terre séchée de Notre-Dame dans mes chaussettes, j’y suis en mal de contact masculin, aussi. J’ai encore une histoire, du moins : quinze heures de jeûne, trois semaines d’abstinence et de boue.

    Où en est ma géographie ? Une ville, une campagne et une station balnéaire, parcourues à pieds et reliées à vélo. Respectivement mon foyer politique, mon foyer mystique, mon foyer émotionnel. Le premier est stable, c'est l'ancre. Le second explose, c'est la voile gonflée par le vent. Le troisième se referme, c'est le havre au bout du voyage.

    Mon passé : l’apprentissage normé et formel, des amis, dont je m’éloigne, d’où je grandis. Politique, social, éducatif. Devoir, engagement. Dépendance et indépendance.

    Mon présent : Le froid, le nomadisme, la pensée, la lutte des classes, un apprentissage choisi, pratique. Autonomie et solidarité.

    Quant à mon avenir, il n'existe pas.

    La raison, l’intensité, le rêve. Des choix à faire. Politique, femme ou moine-soldat. Ratée, secondaire ou anonyme. Devoir, être, faire. Brillante, heureuse ou forte. Ancrée, lovée ou intègr(é)e.

    A ciao bonsoir.

     

    En train de lire : la société du spectacle, G. Debord ; « 106 : La classe idéologique-totalitaire au pouvoir est le pouvoir d’un monde renversé : plus elle est forte, plus elle affirme qu’elle n’existe pas, et sa force lui sert d’abord à affirmer son inexistence. »
    Lus : détachez vos ceintures, « Camille »

    Le Bachelier (J. Vallès)


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  • La publication, j'en ai peur, reprend. J'aurais pu commencer un nouveau blog, sage et en mon nom propre, et puis je me suis dit que non, que depuis 2007 si j'étais bête il y avait prescription. Alors voilà, je reprends, mi-journal, mi-écriture poético-littéraire, et pas mal de mélange des deux.

    Je reprends parce que je vais, véritablement, tribuler. J'ai pour projet d'entreprendre un voyage, un long, un dur, un à l'ancienne, en vélo. Comme je pars seule, ma mère a baptisé ce vélo Monsieur Vélo. C'est un modèle de 1990, un MBK Adventure un peu rouillé, jamais en panne, auquel j'ai fait quelques greffes : un guidon papillon ("ses oreilles"), un porte-bagage, peut-être bientôt deux, et puis une dynamo. Comme ça, la nuit il ronronne et son oeil s'allume.

    Et ce voyage, alors ? On s'en fout, de ton vélo!

    Ce voyage, il a trois ans dans mon esprit et consistait au départ à faire le tour d'Eurasie pour compléter mon apprentissage des six langues de l'ONU : (Français, Anglais, Espagnol), Russe, Arabe, Mandarin. Et puis j'ai revu à la baisse mes ambitions linguistiques, pour décider d'aller au moins en Russie. Qui sait, si rien ne me retient en Europe et que le vent d'Ouest souffle fort, j'irai plus loin.

    Oui, c'est le vent d'Ouest qui te pousse vers l'Est. Eh, oui.


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  • J'suis l'ouvière d'chez Duwa,

    La fille qui met partout ses traces de doigts,

    Moi j'fais pas qu'des brosses à tête, ou pour soubrettes,

    Je fais aussi des goupillons pour les tétines et les biberons.

     

    C'est pas un job d'enfant d'choeur,

    Surtout quand faut se taper la Blister:

    Emballage des brosses et des peignes, faut que ça saigne,

    Faut pas traîner sur le tapis sinon t'as Patrice qui te dit:

     

    "Fais tes brosses, tes ptites brosses, et puis tes grosses brosses",

    Oui j'fais des brosses, des ptites brosses et puis des grosses brosses,

    Des brosses pour bébé, des brosses pour Mémé,

    Oui des brosses, que des brosses et encore des brosses,

    Des ptites brosses des grosses brosses oh des brosses des brosses.

    Des brosses des brosses des brosses des brosses des brosses des brosees des brosses des brosses.

     

    J'suis l'ouvrière d'chez Duwa,

    La fille qui met partout des traces de doigts.

    Moi j'y vais de ma sueur, pause d'un quart d'heure:

    On connait pas, nous chez Duwa on met partout nos traces de doigts.

     

    Les goupillons pour biberon,

    Y'z-y-ont droit à l'odeur de mouton.

    Mouton d'poussière la galère, les ongles noirs,

    C'est le cauchemar meurtre de bébé c'est sûr je me r'trouve inculpée.

     

    J'fais des brosses des ptites brosses et puis des grosses brosses,

    Oui j'fais des brosses, des ptites brosses et puis des grosses brosses,

    Des brosses pour bébé, des brosses pour Mémé,

    Oui des brosses, que des brosses et encore des brosses,

    Des ptites brosses des grosses brosses oh des brosses des brosses.

    Et avec toutes ces traces de doigts pas moyen que j'me retrouve pas...

    Au trou!

    (outro sympa, genre festive violon tzigane ou rien du tout juste les deux mots)

    (sur un air de Serge Gainsbourg)

     


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  • Pour vous, pour moi, une chambre vide à part un lit aux draps vert pâle. Un sol en Linoléum blanchâtre, carreaux alignés en diagonale, des murs blancs. Vous devinez: hôpital. Oui, hôpital, c'est la première chose qui vient à l'esprit.

    On croit au début à une chambre inoccupée: l'absence de vie est évidente, elle imprègne l'air ou plutôt rien ne l'imprègne. On pourrait buter sur elle avant de la voir, la femme, blanchâtre elle aussi, de peau, de vêtements, de cheveux, assise par terre comme un tas de linge sale qui se serait jeté là et intégré à la chambre jusqu'à être transparent. Elle ne vous verra pas non plus, ne vous sentira pas buter contre elle.

    Elle bouge parfois, mais très lentement, la tête, regardant autour d'elle, mouvement aussi imperceptible que celui des tournesols. Quand son cou est tourné au maximum, elle la ramène d'un geste raide à la position opposée, vers la gauche. Cela surprend toujours, fait peur à certains, cette immobilité et tout d'un coup, cet unique signe de vie.

    Pour elle, le Monde, celui ui existe et celui qu'on invente et celui auquel personne n'a jamais pensé. Son monde, inscrit sur les murs blanc que son regard traverse. Ce monde la démange, ou la chambre blanche la démange, alors parfois elle se lève, va vers le mur ou vers les choses et couleurs qu'elle imagine, et y enfonce ses griffes, arrache l'illusion. Puis elle croit peindre sur la surface vierge, peindre avec les couleurs arrachées, et son sang barbouille les murs, frénétique. Elle passe d'un monde à l'autre.


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  • Bientôt sur votre blog préféré... Traduction des oeuvres complètes de Joanthemaid et parution de nouveaux chefs-d'oeuvres de Jeannelapucelle.

    Je me remets à écrire, quoi, y'a qu'à ça que je suis bonne.


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